Les épisodes de sécheresse tels que nous les avons connus en 2022, tendent à se multiplier et à s’allonger. Ce manque d’eau est la conséquence de plusieurs facteurs. Pour pallier ces situations, des mesures particulières peuvent être prises afin de réguler la consommation d’eau.
L’organisation de la gestion de l’eau en France remonte aux années 1960. Originale par son approche géographique (gestion à l’échelle des bassins versants, unité géographique cohérente) elle n’en est pas moins complexe et fait appel à de multiples acteurs qui varient selon que les actions portées sont curatives ou préventives et selon que l’on touche au « petit cycle de l’eau » qui répond au besoin de consommation des activités humaines (prélèvement – distribution – collecte – traitement) où au grand cycle de l’eau : l’écoulement de la rivière ou l’infiltration dans le sol.
Les collectivités jouent un rôle majeur sur ce thème de la gestion de l’Eau. Effectivement, elles assurent les compétences pour l’alimentation en eau potable et l’assainissement. Les intercommunalités sont quant à elles compétentes sur la Gestion des Milieux Aquatiques et la Prévention des Inondations (GéMAPI). Sur le bassin versant de la Bourbre, les 9 intercommunalités ont transféré cette compétence à l’Epage de la Bourbre.
1. Les principales causes de la sécheresse
Le manque d’eau est le résultat de plusieurs facteurs, mais les deux principaux sont :
- Le manque de pluie : le début de l’année 2023 a établi un record : 32 jours sans pluie (supérieure à 1 mm) selon Météo France. Or, l’hiver, les eaux de pluie sont plus efficaces, c’est-à-dire qu’elles vont plus en profondeur afin de remplir les nappes phréatiques
- Les prélèvements d’eau. En France, la consommation d’eau est évaluée à 31 milliards de m³ en comprenant l’usage de l’eau pour l’agriculture, l’industrie ou l’eau potable. Le manque d’eau apparait quand les prélèvements sont supérieurs à la disponibilité de la ressource en eau.
5,3 milliards m³
2,4 milliards de m³
3,2 milliards de m³
15,3 miliards de m³
Les eaux prélevées pour l'énergie sont, pour l'essentiel, restituées dans des proportions similaires dans les milieux naturels.
Non quantifiable
Prélèvements d'eau pour l'année 20219 - Commisariat général au développement durable
Sur le bassin versant de la Boubre, 16 millions de m³ d’eau ont été prélevés en 2014 pour la consommation d’eau potable, l’industrie et l’agriculture.
2. Les actions préventives
A court terme :
- Installer des mousseurs sur les robinets et des systèmes de goutte-à-goutte dans le jardin
- Récupérer l’eau de pluie pour arroser le potager et/ou les plantes
- Eviter de laver sa voiture ou le faire chez des professionnels recyclant l’eau
A moyen et long terme :
- Renouveler votre électroménager. En plus de réduire votre consommation d’eau, les nouveaux équipements consomment, en général, moins d’électricité
A court terme :
- Eviter de nouveaux prélèvements et réduire les existants
- Surveiller et réduire les fuites sur les réseaux d’eau
- Optimiser l’arrosage des espaces verts
A moyen et long terme :
- Restaurer des zones humides afin d’augmenter la disponibilité de la ressource. Les zones humides se gorgent d’eau l’hiver pour restituer l’eau en été
- Utiliser un matériel d’irrigation hydro-économe
- Adapter les cultures selon les périodes d’irrigation nécessaire et leur besoin en eau
A court terme :
- Recycler et récupérer l’eau dans les installations qui le permettent
A moyen et long terme :
- Installer un circuit fermé des réseaux d’eau, pour les installations où c’est possible
La gouvernance et la gestion partagée des ressources restent toutefois à renforcer.
Effectivement, afin de prendre des mesures adaptées il est aussi important de connaître les spécificités du territoire, les ressources en eau disponibles, les usages en présence et les besoins de chacun. La Commission Locale de l’Eau (CLE) de la Bourbre permet aux représentants des usagers d’échanger et de dialoguer sur ces sujets. Certains territoires mettent en place un réseau de mesures pour suivre le fonctionnement des nappes et ainsi mieux connaitre l’évolution des prélèvements nécessaires. Cette solution permet d’apaiser le dialogue entre les représentants des différents usages. L’élaboration d’un plan d’actions afin d’optimiser les prélèvements tout en maintenant les usages dans le futur seraient nécessaires pour organiser le partage équilibré de l’eau et définir les actions contraintes à mettre en œuvre. C’est l’objectif du Projet de Territoire pour la Gestion de l’Eau (PTGE).
3. Les actions curatives en période de crise
3. 1. Les restrictions d’eau pilotées par le Préfet
Les préfets de département peuvent prendre des mesures visant à restreindre la consommation d’eau. L’objectif est de protéger les utilisations où l’on ne peut pas se priver d’eau (santé, sécurité civile et distribution d’eau potable). Il existe donc 4 niveaux d’alertes déclenché en fonction de l’état des nappes, de la pluviométrie et des prévisions météo :
- Vigilance : information auprès des usagers (particuliers et professionnels) ;
- Alerte : mesures de limitation de la consommation (encadrements arrosages, activités nautiques, prélèvements agricoles…) ;
- Alerte renforcée : mesures de limitation plus strictes, notamment sur les prélèvements à destination de l’agriculture supérieurs ou égaux à 50% ;
- Crise : interdictions totales ou partielles de certains usages (arrosage, nettoyages des voiries…).
Dans le département de l’Isère, le Préfet consulte en amont de ses décisions la Commission Départementale de l’Eau où sont représentés tous les types d’usagers (collectivités, pêcheurs, agriculteurs, associations environnementales, entreprises,…).
Selon l’Office International de l’Eau, au 13 avril 2023, 45 départements ont pris des arrêtés de restrictions d’eau contre 10 en 2022 et 7 en 2021 pour la même période.
Pour en savoir plus :
- Le site du gouvernement : https://www.gouvernement.fr/risques/secheresse
- Le site de la Préfecture de l’Isère : publication des arrêtés préfectoraux sur les restrictions d’eau
- Propluvia : recense l’ensemble des arrêtés de restriction d’eau de la métropole
3.2. Un réseau de suivi disponible pour permettre une aide à la décision du Préfet
Le Préfet s’appuie sur des données récoltées sur le terrain avant toute prise de décision.
- Données de Météo France, pour évaluer à la fois l’état de la situation en instantané et aussi les prévisions sur plusieurs semaines
- Des données visuelles des écoulements et assecs via le réseau ONDE, suivi par l’Observatoire Français de la Biodiversité
- Des mesures du niveau des nappes (disponibles en ligne). Vous trouverez ici l’exemple du piézomètre de St-Savin
Vous pourrez également retrouver des publications régulières sur l’état hydrologique du territoire français sur le site d’Eau France. Le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) publie également chaque mois un état des lieux des nappes d’eau souterraine.
Vous pourrez consulter la situation de votre territoire via le site Vigieau. Vous y retrouverez également des informations sur la consommation d’eau en France et grâce au calculateur Cieau, vous aurez l’occasion de découvrir votre consommation en eau.
3. 3. Les lieux de concertation autour de l’eau
De par, l’importance et la complexité du sujet de la gestion de l’eau, de nombreux lieux de concertations ont été créé. Chacun d’eux est complémentaire à l’autre. Ainsi, le Conseil Départemental de l’Eau (CDE) a été mis en place en 2018. Animé par le préfet, il réunit les collectivités, les usagers de l’eau et les associations. Ce comité est destiné plutôt à la gestion de l’eau mais sur un temps court, en cas de sécheresse par exemple.
D’autres comités ont vocation à agir sur le temps long. C’est le cas de la Commission Locale de l’Eau (CLE) de la Bourbre. Aussi appelé « parlement de l’eau », la CLE est la garante de la bonne avancée du Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) de la Bourbre. Le SAGE, vise à adapter la législation sur l’eau aux enjeux locaux et aux spécificités du territoire.
Enfin, les commissions « eau et assainissement » réunissent des élus des collectivités sur la gestion, l’exploitation et les aménagements autour de l’eau potable.
4. Les petits gestes pour économiser de l’eau
Chacun a son échelle, peut adopter des gestes afin de consommer moins d’eau. Zoom sur quelques gestes du quotidien qui font du bien à nos cours d’eau et allègent vos factures d’eau.
- Réduire les fuites et écoulements : en fermant correctement les robinets et en les coupant lorsque l’on ne les utilise pas, nous pouvons déjà faire des économies ! En effet, un robinet qui goutte représente environ 4 litres d’eau consommés par heure. Si vous constatez une petite fuite, ne vous inquiétez pas, c’est peut-être seulement un joint à changer.
- Utiliser les appareils de lavage pleins : en utilisant les appareils remplis, vous économisez non seulement des ressources en eau mais aussi en électricité. Un petit geste qui permet de réduire deux factures !
- Récupérer l’eau : récupérer l’eau de pluie, oui mais pas que ! Il est également possible de récupérer l’eau froide que l’on laisse couler en attendant qu’elle chauffe. Pour cela, il suffit seulement de placer un récipient dans votre évier.
- Adapter les équipements : il existe de nombreux équipements qui permettent de réduire sa consommation en eau. Les mousseurs installés sur les robinets, réduisent le débit de 30 à 50% sans diminuer la pression de sortie au robinet.
- S’informer, discuter, échanger : il existe de nombreuses ressources disponibles en ligne et gratuitement afin de se tenir informé sur l’eau. Vous en trouverez certaines dans cet article. L’Agence de l’eau propose sur son site quelques conseils pour faire des économies d’eau. Le site internet Méli-mélo, réuni de nombreux articles et éclairages sur la gestion du petit et grand cycle de l’eau. Il existe aussi des contenus pour vos enfants : l’agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse a mis en ligne de courtes vidéos et la métropole de Montpellier et son académie, ont mis au point quelques activités pour sensibiliser de manière ludique les enfants.